I can't win, I can't reign
I will never win this game without you
feat.   @Beltran Cervantes

C'était cliché, tellement cliché que de s'amouracher d'un professeur. C'était ce qu'il y avait de plus con à faire et pourtant, il était tombé les deux pieds d'dans, Rosario. Il avait fait d'son mieux pour ne pas céder, pour ne surtout pas se laisser aller à admettre qu'il pouvait ressentir une quelconque attirance pour Beltran mais le temps jouant contre eux, ils avaient fini par entretenir une liaison qui, somme tout, avait été aussi passionnelle que douloureuse.
Rosario n'avait pas supporté l'anonymat de cette histoire, même s'il appréciait le fait de voir son professeur en cachette, il avait rapidement compris qu'il lui faudrait plus que ça, plus que des instants volés et secrets. Aussi en avait-il parlé avec Bletran qui s'était figé dans son statut. Impossible qu'il lui avait dit, presque en le sermonnant. Les risques étaient trop gros, Rosario le savait mais l'amour propre n'a pas de lois, pas d'limites. Touché, blessé et presque vexé, il avait préféré, juste avant les grandes vacances, mettre un terme à toute cette histoire. Il en avait souffert, bien sûr. Il avait passé les deux premières semaines à se morfondre, à tenter d'se convaincre qu'il avait pris la bonne décision mais tout lui rappelait cette idylle. Faut dire que ne pas partir de l'école pour les deux mois de vacances avait été la pire idée qu'il pouvait avoir à ce moment-là. Dans ces couloirs vides, tout le ramenait à ce qu'il venait de perdre.
La reprise avait été encore plus compliquée. Prétendre s'en moquer quand il n'faisait que s'en mordre les doigts. Pire encore quand il avait réalisé que son été avait été pure perte de temps. A errer dans les rues de la ville sans vraiment savoir quoi faire. A sortir, rencontrer du monde, flirter mais sans jamais aller plus loin. L'avoir dans la tête et dans le coeur sans réussir jamais à s'en défaire. Quelle douce ironie, n'est-ce pas ? Et puis, retrouver Beltran avait été encore plus difficile qu'il ne l'imaginait. Il avait fait d'son mieux pour prendre de la distance, l'ignorer et faire comme si tout allait bien. Il craignait néanmoins que Kelly lui ait déjà raconté ce qu'ils avaient fait juste avant la reprise des cours. Il craignait que l'image que pouvait avoir Beltran de lui ne soit entachée par ses imbécilités.
Pour favoriser la distance, Rosario sortait plus souvent qu'avant. Il évitait de traîner dans les couloirs de l'école pour ne surtout jamais avoir à l'affronter. Un stratagème qui avait fait ses preuves et qui semblait fonctionner. Jusqu'à aujourd'hui. Au détour d'un magasin, une épaule qui en frappe une autre. Deux hommes qui se bousculent et la vie qui s'met sur leur chemin. Rosario lève les yeux, surpris de voir Beltran. Salut….désolé, je...je n’ai pas fait attention où j’allais. Je ne t’ai pas fais de mal au moins ? il bégaie, maladroitement, visiblement aussi mal à l'aise que son élève. Rosario esquisse un sourire, faible, presqu'une ombre qui traverse son visage. Il passe une main derrière sa tête. Lui qui était venu en ville pour éviter de tomber sur son ex. Non, tout va bien. qu'il dit avec un maximum d'indifférence. Avoir l'air détaché pour ne surtout pas donner le sentiment de regretter tout ce qu'ils avaient pu vivre. Ne pas trahir l'envie, le supplice ou le désir. Je pensais pas te croiser par ici. qu'il ajoute, sans convictions aucune. Mal à l'aise, bien sûr. Je n'devrais pas être ici... qu'il murmure, plus pour lui que pour Beltran. Être près de toi, c'est prendre conscience d'à quel point tu me manques.