01.Alejandro est le fils de Paloma Rimenez, une grande danseuse espagnole qui a fait les belles heures du ballet national avant de fonder sa propre compagnie et de sillonner le monde ; entrainant son fils avec elle. Accessoirement, elle était et demeure une proche amie de Carmen Arranz. Alej est aussi le fils de « monsieur » Theodore Wilson, troisième du nom, qui avant de se prendre d’amour et de passion pour une danseuse espagnole, vivait « paisiblement » à Londres. Grand metteur en scène et théoricien de la scène anglaise, il a quitté son Angleterre natale pour rejoindre Madrid. Possessif et incompris selon ses dires, il finira par papillonner de temps à autre pour combler sa frustration, pendant que sa femme et leur fils traversent l’Europe. Leur mariage tiendra une dizaine d’années, avant que le metteur en scène ne retrouve Londres et ne laisse derrière lui son fils. Et puis à quoi bon lutter ? D’aussi loin qu’il s’en souvienne, « le père » comme se plaît à le nommer Alejandro, n’a fait montre d’aucune fibre paternelle durant les premières années de vie du petit, qui souvent sur les routes avec sa mère, n’a pas vraiment vécu l’absence et le besoin de la combler. Cependant, lorsqu’il eut atteint l’âge ingrat, Alej chercha à se rapprocher de son père et décida, au grand dam de sa mère, d’entreprendre des études théâtrales à Londres.

02.C’est à cette époque qu’Alejandro intégra la prestigieuse Royal Shakespeare Academy, ne négligeant pas ses efforts pour voir briller dans le regard paternel, toute la fierté irradiant du regard maternel. Malgré les efforts, rien n’y fera. Theodore Wilson, troisième du nom, éminent metteur en scène et théoricien de renom, fut incapable de donner à son fils ce qu’il attendait de lui. Alej, qui de toute façon ne se voyait pas devenir acteur, quitta Londres et retourna à Madrid, à la grande joie de Paloma et y reprit ses études.

03.Écrire et diriger étant des passions qu’il cultivait depuis tout petit, il se tourna tout naturellement vers la mise en scène et la dramaturgie. Licence en poche, il quitta à nouveau le vieux continent et s’envola pour les États-Unis, des rêves pleins les yeux.

04.C’est donc à New York que le jeune Wilson se posa et fit la connaissance de Tom Levitt, fraîchement diplômé et compositeur de génie. Entre les deux jeunes hommes, ce fut le coup de foudre amical et professionnel. Ensemble, ils créèrent une première comédie musicale qui, sans surprise, ne rencontrera pas le succès escompté. Mais Alejandro était un passionné et il en fallait plus pour l’ébranler. Toutefois, puisqu’il fallait s’en sortir, il n’hésitera point à cumuler les petits boulots tout en continuant à écrire avec Tom.

05.Leur second musical fut le succès inattendu de l’année, allant jusqu’à leur permettre d'être nominés aux Tony Awards. Dès lors, ils devinrent très demandés et enchaînèrent avec d’autres productions, dont « Falling » qui restera dans les annales, suite à la mort de sa tête d’affiche. Une première déconvenue pour Alejandro qui découvrit bien malgré lui que derrière les paillettes, se cachait un monde bien sombre. Mais il continua à écrire et diriger, délaissant les musicales, pour se concentrer sur le théâtre.

06.Le moins, que l’on puisse dire, c’est qu’il fut très prolifique, peut-être trop. C’était l’époque « café — amphet » ; époque où il se bourrait de médoc pour rester prolifique. Ça ne durera qu’un temps avant le black-out total. S’en suivit une période très sombre. Il retrouva Tom, son complice de toujours, mais a tout juste le temps d’écrire une œuvre en sa compagnie avant qu’il ne mette fin à ses jours. Alejandro cessa alors ses activités et se mit à boire pour apaiser sa tristesse. Vinrent s’ajouter les histoires sans lendemain et les drogues en tout genre pour tenter d'oublier ce qui ne pouvait l'être. Rongé par les addictions, il finit par s’endetter auprès des producteurs avec lesquels il s’était engagé en amont. New York était son rêve avant de devenir son cauchemar.

07.Et c’est à cette époque que tel un sauveur, son père refit surface pour faire le ménage dans la vie dissolue de son fils. Bien décidé, à jouer son rôle, il le fit interner en désintox avant de le ramener à Madrid auprès de sa mère qui sollicita l’aide de sa vieille amie Carmen. Cette dernière parvint à convaincre Silvia Jauregui à qui elle avait confié les rênes de l'école.

08.Et voilà où nous en sommes. Tout s’est passé il y a sept ans, mais il ne se passe pas un jour sans qu’Alejandro n’y pense et ne ressasse ses erreurs passées. À n’en pas douter, Carmen aura été d’un grand soutien en convainquant Silvia d'engager Alejandro comme professeur d'art dramatique. Il a conscience de cela, mais plus encore du fait qu’il revienne de loin et qu’il n’a pas le droit à l’erreur cette fois. D’ailleurs, il ne ménage pas ses efforts et se rend tous les vendredis, à ses réunions d’alcooliques anonymes, bien qu’il soit totalement sobre depuis cinq ans.