Il y a plus d’un an…

La procrastination est sans nul doute le pire des fléaux, dixit celui qui se cherche encore des excuses pour justifier le fait d’être un ami en carton. J’avais appris, par ma mère qui l’avait appris par celle de Shayne, que ce dernier avait eu un grave accident ; un de ceux qui peuvent sans doute mettre à mal tout un avenir. Je me sentais con d’avoir autant tardé à prendre des nouvelles et l’excuse d’une rupture me parut tout à coup presque offensante pour ce pauvre Shayne.

Oui, je venais de rompre ; bien qu’en principe le départ précipité de Diana pour une autre école, laissait à penser que c’était elle et elle seule qui était à l’origine de cette fin d’histoire aussi courte que peu originale. Oui, nous étions deux collègues, avec des centres d’intérêt semblables, bien que nos matières soient différentes. Toujours est-il que je m’étais laissé happer par cette rupture causée par l’opportunisme de l’autre. Mais je n’avais point sombré fort heureusement. Je n’allais sûrement pas lui faire le plaisir de mettre à mal des années de sobriété. Quoi qu’il en soit, je devais me remobiliser pour des causes et des personnes qui en valaient la peine.

Barcelone me tendait les bras. Voilà bien longtemps que je ne m’y étais pas rendu. Malgré l’envie de prendre la route et d’avaler les kilomètres sans compter, j’avais opté au dernier moment pour le train. J’aurais au moins la bonne excuse pour observer les paysages tout en songeant à ce que j’allais dire à Shayne pour un tant soit peu lui remonter le moral. Arrivé sur les lieux, je rejoignis sans attendre l’hôtel que j’allais occuper durant quelques jours. Il se trouvait tout près de l’endroit où mon jeune ami avait entamé sa rééducation. Je me délestais donc de mon trop-plein d’affaires avant de prendre la direction de l’hôpital, un tantinet anxieux de retrouver Shayne. Allait-il seulement avoir envie de me voir après tout ce qu’il avait enduré seul ? Telle était la question.